Dieudonné Fardin est un nom qui sonne fort dans l’historiographie de la littérature haïtienne et marquera encore longtemps les cœurs et les esprits de moult générations. Passeur de mémoire, de livres et d’idées, il représente à lui seul le fer de lance de la vulgarisation de l’histoire et de l’évolution de plus de deux siècles de la production intellectuelle haïtienne. Ce trésor national a le mérite de réaliser, en l’espace d’une cinquantaine d’années, avec les maigres moyens mais beaucoup d’efforts, de passion et de volonté, l’un des plus grands exploits de toute l’histoire du livre et de l’édition en Haïti en mettant en circulation les œuvres rares, entendre par-là les fondamentaux de cette si vaste et riche production.
De son vrai nom Louis-Marie Benoit Pierre, Dieudonné Fardin naît à Saint-Louis-du-Nord, dans le département du Nord-Ouest, le 18 novembre 1936. Journaliste, professeur, éditeur et critique littéraire, il est le petit-fils du général Thimoléon Jadotte, ancien chef de la maison militaire du Président Florvil Hyppolite et cousin de Benoît Batraville, grande figure de la résistance face à l’occupation américaine de 1915. Il fait avec brio ses études primaires et secondaires chez les Frères de l’Instruction chrétienne et au Lycée Tertulien Guilbaud de Port-de-Paix. Il devient par la suite, instituteur dans un établissement scolaire primaire de la ville, puis secrétaire de direction et professeur au Lycée Tertulien Guilbaud. Sa passion pour les livres lui est venue sur les bancs de l’école, car déjà à 12 ans il commence à griffonner des vers sur son cahier d’écolier.
En 1953, à 17 ans, on le retrouve comme apprenti imprimeur chez l’ingénieur Byron Donat Bouzi, un ancien directeur du lycée Tertulien Guilbaud. Animé des idéaux du progrès, du sens du développement et du vivre-ensemble, il met sur pied en 1961, avec la collaboration des jeunes de sa génération dont Cauvin Paul, Hérodote Mégalos, Gilbert Gayot, Lhérisson Alezi, Jérôme Mazard, Jean Théagène, le Mouvement de la Régénération du Nord-Ouest d’Haïti. Une structure qui, comme son nom l’indique, entend travailler pour l’avancement de ce département en proie à toutes les formes de sous-développement. C’est ainsi qu’il crée les Vendredis littéraires, sorte de rencontres hebdomadaires agrémentées de conférences, sketchs, spectacles de toutes sortes mettant en valeur la richesse des lettres haïtiennes. Naît également Le Petit Samedi, journal hebdomadaire qui donne la parole aux plus belles plumes de l’époque. Avec la complicité de ses collègues, il crée de petites bibliothèques scolaires en vue d’inciter les jeunes écoliers à la lecture.
Dieudonné Fardin est décédé le 4 juillet 2021 à l’âge de 84 ans.
Mirline Pierre et Dieulermesson Petit Frère https://ile-en-ile.org/fardin/