Et si on scrutait la face cachée d’Haïti…
Nous vivons dans un monde où l’information circule à grande vitesse. Un monde interconnecté et qui s’apparente à un petit village.
Cependant, il est choquant de constater qu’en dépit de cette interconnexion, dans certaines régions du globe, les citoyens sont encore dans l’ombre et privés d’informations ou de données relatives à leur culture, à leur histoire…
Un exemple frappant est celui de notre chère patrie, Haïti. Un pays riche par son histoire, sa culture, ses belles plages, son hospitalité et son climat apaisant entre autres, mais dont la face sombre est la plus exposée au monde.
En effet, les défis socioéconomiques auxquels il est confronté d’année en année, ainsi que les crises politiques qui perturbent continuellement son développement sont si souvent projetés sur la scène mondiale, que plus d’un a tendance à oublier qu’Haïti ne se résume pas et ne s’identifie pas uniquement à ce côté négatif.
Nous étudiants, en plein 21e siècle, nous peinons beaucoup et galérons énormément lorsqu’il nous faut trouver des informations pour faire un travail sur Haïti, et je l’avoue, c’est très frustrant.
Pourtant, il est facile de trouver des informations sur la situation actuelle du pays, sur la crise politique à laquelle il est confronté.
Nous sommes continuellement alimentés en nouvelles notamment sur ce mouvement populaire communément appelé “bwa kale”, mais lorsqu’il nous faut des données sur la culture, la faune et la flore, c’est comme si nous devions trouver une épingle dans une boite de foins.
Le peu de données disponibles sur ces aspects ne sont pas actualisées et la plupart d’entre elles ne sont pas vérifiables ce qui les rend quasi inutilisables pour des travaux académiques.
Plus d’un sait qu’Haïti est la première république noire indépendante du monde, que nous avons aidé de nombreux pays à obtenir leur indépendance et que le pays est dans une instabilité chronique, mais en ce qui a trait au folklore haïtien, au carnaval, à la gastronomie et à l’art, c’est toute une autre chose.
Pire encore, ce n’est pas uniquement les étrangers qui les ignorent, on dirait que pour nous autres haïtiens, notre culture nous est étrangère.
J’avais une présentation sur la diversité culturelle à l’université. Comme ressortissante haïtienne, j’ai été choisie pour parler de ma culture.
Je me suis dit que je présenterai mon pays en me basant sur les aspects cités plus haut : le folklore, le carnaval, la gastronomie et l’art.
Mais ce n’est qu’après maintes efforts, après de nombreuses nuits de recherche, que j’ai réussi à compléter ma présentation. J’ai alors réalisé que je ne connaissais pas la moitié de ce qui faisait mon identité.
Après cette présentation, je me suis rendue compte que la majorité des gens ne connaissent que l’aspect négatif d’Haïti. Nous nous concentrons tellement sur les choses négatives que nous oublions celles qui sont positives.
Ce n’est pas que nous voulions ignorer les problèmes auxquels le pays est confronté, mais nous devons toujours nous rappeler qu’en dépit de tout, il y a certains aspects positifs qui valent la peine d’être relatés et que nous devons faire de notre mieux pour les préserver et les exposer au monde qui nous entoure.
Ce n’est pas quelque chose que la communauté internationale devrait faire à notre place. C’est à nous haïtiens et haïtiennes, de faire valoir notre histoire, notre culture, notre identité.
Alors, posons-nous cette question : “Qui d’autre pourrait faire valoir ma culture mieux que moi ?” Je ne saurais vous donner la réponse à cette question mais, j’en suis sûre, le bon sens en trouvera forcément la bonne.
Stevania Françoise Corneille, étudiante à Santo Domingo