Saint-Domingue, 6 avril 2025 — Le président dominicain Luis Abinader a annoncé, ce dimanche 6 avril 2025, une série de 15 mesures fermes visant à réguler la migration, renforcer la sécurité nationale et garantir le respect des lois sur le territoire dominicain.
« La crise en Haïti n’a pas été causée par la République Dominicaine, mais c’est nous qui devons y faire face », a affirmé le président. « Mon devoir est de protéger le peuple dominicain. »
15 mesures pour la sécurité et la régulation migratoire
- Renforcement militaire à la frontière
Capacité de supervision des trois brigades frontalières existantes serait étendue à six zones opérationnelles, chacune dirigée par un officier supérieur. -
1 500 soldats supplémentaires viendront renforcer les 9 500 soldats déjà présents à la frontière.
« Cela enverra un message clair et non négociable : les bandes criminelles haïtiennes ne trouveront pas refuge sur notre sol. La violence qui détruit Haïti ne traversera pas la République Dominicaine », a-t-il déclaré lors d’une allocution diffusée à la télévision, à la radio et sur les réseaux sociaux.
- Accélération de la construction du mur frontalier
Lancement immédiat de la licitation pour 13 km supplémentaires, portant la longueur totale à 67 km. Le ministre de la Défense a reçu l’ordre de lancer immédiatement l’appel d’offres pour construire 13 km supplémentaires, s’ajoutant aux 54 km déjà construits.Il a averti :
« Quiconque facilitera le trafic irrégulier de personnes devra en assumer les conséquences, les plus sévères possibles. »
- Réforme du cadre juridique migratoire
Projet de loi déposé en urgence au Congrès, avec des sanctions renforcées pour les fonctionnaires complices, les récidivistes du trafic de migrants et les propriétaires louant à des migrants irréguliers.Concernant les consulats en Haïti, il a rappelé qu’aucun visa n’est délivré depuis 2023, car les consulats sont fermés. Il a averti les personnes en situation irrégulière :
« Elles doivent partir volontairement ou seront recherchées et repatriées. »
- Augmentation des effectifs de la migration
750 nouveaux agents migratoires intégrés. - Extension du contrôle migratoire à tout le territoire
Installation de bureaux de migration dans toutes les provinces. - Réforme des marchés binationaux
Renforcement des règles commerciales à la frontière, en particulier via une modification du règlement des marchés binationaux afin de prévenir l’immigration irrégulière. - Création d’une Procuraduría spécialisée
Proposition de créer un ministère public spécialisé dans les affaires migratoires. - Collaboration avec les municipalités
Implication des gouvernements locaux dans les efforts de rapatriement. - Création d’un Observatoire citoyen indépendant
Supervisé par le journaliste Miguel Franjul, pour suivre et recommander des ajustements sur la politique migratoire. - Protocole pour l’accès aux soins hospitaliers dans le public
Concernant les soins de santé, dès le 21 avril, un protocole dans les hôpitaux publics exigera une identification, une lettre de travail et une preuve de domicile. En cas de non-conformité, le patient sera soigné puis reconduit à la frontière. - Révision de la législation migratoire
Une commission présidée par le Dr. Milton Ray Guevara révisera la législation en fonction de la situation en Haïti. - « Dominicanisation » de l’emploi
Augmentation des salaires dans les zones franches (+25 %) et dans le secteur touristique (+30 %). - Intégration des bénéficiaires du programme Supérate
Facilitation de leur insertion dans les secteurs agricoles et de la construction, sans perte de soutien social. - Financement de la mécanisation
Renforcement du fonds Bandex pour soutenir la mécanisation de l’agriculture et la modernisation de la construction, en partenariat public-privé avec 2,8 milliards déjà prêtés.
Appel à la communauté internationale
Le président Luis Abinader a la fin de son discours a réitéré que la République Dominicaine ne peut porter seule la crise haïtienne, et appelle la communauté internationale à agir avec responsabilité.
« Cette nation a toujours défendu son identité. Et elle la défendra encore. »
Il a condamné l’attitude de l’international face à Haïti :
« Une crise de sécurité, une crise environnementale, une crise économique, une crise politique et surtout, une crise d’abandon. »
Il a conclu :
« Diriger, c’est avoir le courage de faire ce qui est juste, même quand c’est difficile. Nous agirons avec fermeté, avec la loi en main, et avec le cœur tourné vers la patrie. »
Contexte : L’interview de Fritz A. Jean et les réactions du gouvernement
Ces mesures interviennent après l’interview controversée de Fritz Alphonse Jean, ancien gouverneur de la Banque centrale d’Haïti et membre du Conseil présidentiel de transition, diffusée fin mars 2025 sur Listín Diario. Jean a minimisé l’impact de la crise haïtienne sur la République Dominicaine, un discours jugé déconnecté et arrogant par plusieurs analystes dominicains, qui ont souligné le manque de propositions concrètes pour une coopération bilatérale.
Les réactions ont été vives en République Dominicaine : plusieurs élus ont dénoncé une tentative de « décharger Haïti de ses problèmes » et les médias ont qualifié l’interview de « ratée ». En réponse à cette situation, le gouvernement dominicain a réagi rapidement, annonçant des mesures concrètes pour protéger les intérêts du pays et renforcer la sécurité nationale.
Un isolement renforcé pour Haïti
Rappelons que, depuis septembre 2023, Luis Abinader avait déjà pris des mesures contre Haïti en lien avec le dossier de la construction du canal sur la rivière Massacre. La diplomatie haïtienne a largement échoué à maintenir des relations solides avec la République Dominicaine. Aujourd’hui, plus que jamais, les Haïtiens semblent livrés à eux-mêmes tandis que les dirigeants haïtiens restent silencieux, évitant de traiter les problèmes comme la migration.
Le manque de leadership en Haïti renforce le processus d’isolement du pays. En parallèle, les gangs prennent de plus en plus de terrain, tandis que le président américain Donald Trump a donné jusqu’au 24 avril aux bénéficiaires du programme Biden (Humanitarian Parole) pour quitter les États-Unis et Luis Abinader prend des mesures allant jusqu’à l’accès aux soins de santé qui rentreront en vigueur le 21 Avril.
La crise s’aggrave, et Haïti semble de plus en plus abandonné à son sort, avec des dirigeants imposés sans aucune capacité et dépourvus de leadership.
La rédaction
NB. : l’article a été amélioré.