Si le Blanc a ses projets pour Haïti, quels sont les nôtres pour nous Haïtiens ?
Voici une interrogation à laquelle je n’ai pas encore trouvé une réponse sincère et profonde dans cette actualité macabre qui défile à la seconde nous emportant vers le tombeau et l’au-delà.
Quels sont nos projets pour NOUS, haïtiens, habitants de ce coin de terre, Ancienne Perle des Antilles ?
Oui, quels sont nos projets pour NOUS? nous, toujours fiers de rappeler aux autres Nations que nous avons fait 1804, que nous sommes la Première République Noire Indépendante.
Que nous vaut aujourd’hui ce rappel historique incessant des hommes comme Jean Jacques Dessalines, Toussaint Louverture, Henry Christophe ou des femmes comme Marie Jeanne, Marie Claire heureuse, Sainte Belair pour citer. Un rappel important, certes, pour nous remémorer que ces hommes et ces femmes étaient mus par une volonté et un rêve commun, celui de faire de ce bout de terre, une république libre et indépendante.
Aujourd’hui, il est important de nous poser la question : “Que voulons-nous haïtiens faire d’Haïti, notre pays, notre passeport ! “
Nous répétons de manière automatique à chaque question sur le pays donc sur notre sort personnel : “ attendons voir, “le Blanc” a son plan pour nous” ou du moins “le Blanc seul qui sait où il veut nous emmener” ou encore “allons doucement pour ne pas choquer le Blanc”. “Le Blanc” est là, partout dans nos moindres réponses justifiant pourquoi nous menons une vie si misérable dans notre propre pays tandis que “le blanc” ne peut lui-même être aussi heureux chez lui.
Que voulons nous faire pour Nous ?
Devons-nous attendre que le Blanc prenne les rênes et qu’on se lamente plus tard de son échec dans la gestion du dossier Haïti? Ou du moins n’est-il pas venu le temps de faire le saut qu’il faut pour sauver le peu qui nous reste comme personnes et comme citoyens haïtiens. Nous ne pouvons plus attendre qu’un messie Blanc délivre Haïti, ceci n’existe pas historiquement. “Le Blanc” ne peut être un allié sûr. On peut uniquement composer qu’avec ceux qui nous ressemblent et qui nous comprennent.
Nous avons l’obligation personnelle voir spirituelle de prendre soin de nous-mêmes sinon c’est du suicide. Nous sommes déjà dans le chemin du suicide collectif.
Combien de temps avons-nous besoin pour vider nos réels contentieux ? Combien de temps avons-nous besoin pour répondre à la question que voulons-nous pour Nous?
Le temps est au réveil et au rappel de qui nous sommes et de ce que nous voulons pour NOUS.
– Haïti ne produit pas d’armes, mais personne n’arrive à comprendre comment le stock en munitions des bandits ne s’épuisent jamais depuis plus de 3 ans ;
– Haïti ne produit pas les stupéfiants/drogues, mais personne n’arrive à comprendre le flux transité chez nous ;
– Haïti n’a jamais été réputé un pays de gangsters mais de professionnels émérites. Aujourd’hui, personne ne comprend pourquoi l’internationale investit autant pour mettre sous les projecteurs des délinquants devenus, grâce à leurs investissements, des supers monstres en quête de vedettariats, ôtant le sommeil et la vie des simples citoyens paisibles déjà en proie à leur misère et détresse.
Haïti a toujours compté sur ses ressources humaines et son système éducatif.
Aujourd’hui, pour une raison qu’on ne s’explique pas les gangs brûlent et attaquent les écoles, les universités, les bibliothèques, les centres d’arts, les églises, les loges et même les hôpitaux.
Des établissements qui sont, pour la plupart, situés dans les quartiers populaires ou dans le centre-ville où la classe moyenne et le prolétariat cohabitent. Des établissements que les oligarques ne fréquentent même pas, alors qu’ils sont soi-disant les cibles des bandits.
Que devons nous comprendre? S’agit – il encore d’un plan machiavélique du “Blanc”? De quoi s’agit-il aujourd’hui ?
Allons-nous tous attendre que les gangs armés nous délogent tous ?
Allons-nous tous retourner dans une ville de province d’origine?
Allons-nous tous accepter d’être traqués jusqu’à la fin de nos vieux jours, sur cette partie de l’île où on se sentait vraiment chez soi ?
Allons-nous tous évacuer via hélicoptère ou à travers une ambassade à destination d’un autre pays d’adoption et recommencer une nouvelle vie ailleurs ?
Et ceux qui n’ont nulle part où aller ? même pas une autre ville de province.
Que voulons nous pour nous et de quoi avons nous besoin ? Ne laissons plus le choix à l’étranger de répondre à cette question à notre place. Un ami ne peut nous mettre à la porte de notre propre maison, ni nous dicter comment tenir notre maison. Son aise réside uniquement dans les largesses que nous comptons mettre à sa disposition.
Que vont-ils laisser pour nous ? Que voulons nous garder pour nous? A la guerre comme à la guerre, soyons donc en guerre pour assurer notre survie avant que les bandits ou hommes armés ou gangs armés nous ôtent notre dernier souffle.
Enfants de Jean Jacques Dessalines et de Capois Lamort, fils et filles de Toussaint Louverture et de Marie Jeanne Lamartinière, nos ancêtres n’ont pas eu peur de mener les combats ni de tourner dos aux opportunités personnelles pour réussir leur projet citoyen.
Aujourd’hui, puisons en nous cette énergie et faisons le choix d’exister comme humains et comme citoyens haïtiens.
Nous serons ainsi dignes de 1804.
Si enfin nous savons ce que nous voulons pour nous et pour Haïti.
Brigitte Benshow