Depuis 6 octobre 2022, le premier ministre Ariel Henry, a sollicité en Conseil des Ministres une intervention militaire étrangère pour l’aider à combattre les gangs armés qui font d’avantage la loi dans le pays depuis la dernière augmentation du prix du carburant en septembre 2022 par le gouvernement.
Finalement après les différentes démarches du Secrétaire Générale des Nations Unies, Antonio Guteress, soutenues par des pays membres notamment les Etats-Unis, le Canada, la République Dominicaine, la CARICOM pour citer les plus diligents, le Kenya, pays de l’Afrique de l’Est, a accepté de diriger une force multinationale en Haïti.
Plusieurs pays ont salué cette décision du Kenya et l’ambassadrice des Etats-Unis à l’ONU, Madame Linda Thomas-Greenfield a évoqué le soutien de son pays au Kenya pour aider Haïti à lutter contre les gangs armés. Elle a aussi indiqué que les États-Unis, qui assurent la présidence du Conseil de sécurité de l’ONU pendant tout le mois d’août, travailleront à l’élaboration d’une résolution de l’ONU en la matière.
D’après la journaliste de Miami Herald, Jacqueline Charles, l’offre du Kenya de prendre le leadership des opérations a été ratifiée après que l’administration de Biden eut envoyé une mission à Nairobi le 22 juillet dernier. On se rappelle que le Kenya avait déjà informé le Canada en mai 2023, qu’il était prêt à donner son appui militaire à Haïti.
C’est à la suite de cette mission que le Kenya a déclaré qu’il « envisagerait positivement » l’envoi de 1 000 de ses policiers pour former les policiers haïtiens et les aider à faire face aux gangs.
La violence des gangs armés et des enlèvements se sont intensifiés depuis l’affaiblissement du mouvement Bwakale. Les gangs Vitelhomme, 400 mawozos et alliés se sont renforcés en confiance et munitions semble-t-il, obligeant même le retrait du personnel non urgent de l’ambassade des États-Unis à Tabarre.
En dehors de la décision du Kenya et de l’engagement des Américains d’élaborer une résolution de l’ONU, « il reste encore beaucoup à faire avant que des policiers étrangers ne commencent à patrouiller en Haïti » a déclaré un haut fonctionnaire de l’administration Biden au Miami Herald, soulignant que l’offre du Kenya de diriger une mission de sécurité en Haïti est loin d’être une affaire réglée. La suite dépendra des résultats de la mission d’évaluation du gouvernement kenyan en Haïti et du vote du Conseil de sécurité des Nations unies.
Les Etats-Unis avaient voulu dans un temps que le Canada dirige cette mission, mais le gouvernement de Justin Trudeau n’a pas accepté et les deux pays se sont retournés vers la Caricom. A un moment de la durée, il avait semblé que la Jamaïque souhaitait prendre le lead des opérations, mais les différentes rencontres portant sur le dialogue inter haïtien et le gouvernement Henry n’ont pas eu les effets escomptés.
L’obligation pour Ariel Henry d’aller vers un consensus plus large et inclusif lui a été rappelée cette semaine encore par le Secrétaire d’État américain Anthony Blinken. De son côté, Justin Trudeau, Premier ministre canadien a, lui aussi, haussé le ton pour dire que le gouvernement “ne prenait pas au sérieux la responsabilité qu’il a de faire des compromis.
Après avoir trouvé le pays pour diriger le projet, il faudra attendre l’évaluation, d’après Todd Robinson, Secrétaire d’État adjoint au Bureau des affaires internationales de stupéfiants et d’application de la loi, lors de l’interview accordée à Miami Hérald jeudi. « Il appartiendra au pays chef de file, aux Haïtiens et à l’ONU de déterminer à quoi cela va ressembler. A se rappeler que le Conseil de Sécurité avait donné à Ariel Henry trente (30) jours pour soumettre un rapport sur la forme de l’aide que Haïti nécessite et les différentes options envisageables pour améliorer la situation en matière de sécurité. Un délai qui expire le 15 Août prochain.
Aujourd’hui 4 options sont sur le tapis :
⁃ une mission à large empreinte avec des contingents policiers et militaires;
⁃ une mission qui ne protégerait que les installations stratégiques telles que les ports et les routes principales;
⁃ une mission robuste de taille moyenne autorisée à utiliser la force;
⁃ Une mission à désarmer et démanteler les gangs.
M. Robinson, qui dirigeait la délégation américaine arrivée à Nairobi le 22 juillet, a déclaré qu’au cours de la réunion, ils avaient discuté de ce que les États-Unis avaient en tête, mais qu’ils voulaient aussi voir jusqu’où les Kenyans étaient prêts à aller. Le président du Kenya, William Ruto, s’était déjà entretenu avec le secrétaire d’État américain Antony Blinken et Ariel Henry.
La délégation a quitté Nairobi en pensant qu’une annonce ne serait faite qu’après une mission d’évaluation en Haïti, a expliqué M. Robinson. « Nous avons été agréablement surpris par cette annonce », a-t-il déclaré à propos de la déclaration publiée samedi 29 Juillet par le ministre kényan des affaires étrangères, Alfred N. Mutua. Le Kenya prévoit de déployer une mission d’évaluation au cours de la semaine du 19 août, a indiqué M. Robinson.
Le Kenya à la tête de la mission, les États-Unis et M. Guterres ont réitéré leurs appels aux autres pays, en particulier ceux de la région, pour qu’ils « joignent leurs forces à celles du Kenya ». C’est ainsi que la Jamaïque, les Bahamas, et Trinité et Tobago ont déjà offert leur collaboration au Kenya.
Todd Robinson, qui estime que le coût d’une telle mission se situe entre 200 et 400 millions de dollars par an, a déclaré que les États-Unis allaient « passer le chapeau », car il n’y a aucun moyen de facturer directement les pays, puisqu’il ne s’agit pas d’une véritable mission de maintien de la paix de l’ONU.
La mission dirigée par le Kenya serait un dispositif hybride. Elle fonctionnerait sous mandat du Conseil de sécurité, mais le personnel de l’ONU n’aurait pas les mêmes capacités de contrôle et de surveillance que dans le cadre d’une opération de maintien de la paix. Néanmoins, les observateurs estiment que les Nations unies seront blâmées pour tout manquement.
En attendant la décision finale des acteurs nationaux et étrangers, les Haïtiens devront continuer à développer une stratégie de subsistance pour affronter la crise humanitaire et le kidnapping.
Source : article de Miami Herald, par Jacqueline Charles
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La Rédaction
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